Du grave au clair
chercher son nom le perdre
se perdre avec lui dans l’ombre
ancienne
le chercher à nouveau dans l’orage
et la noirceur sous la racine
- langue promenée à l’aveugle
mémoire d’une lutte ancienne
comme prise dans la terre intérieure
- esquisse empreinte
volée de lettres
le pousser à bout obstination
jusqu’à l’habiter si bien
le travailler de la boue au cristal
- encre indocile
et volupté du noir
jusqu’à ce qu’il crache d’instinct
dans le crépuscule
du charbon lumineux
brise l’échine de la contradiction
ce nom de verre
et de fumée fait corps
singulier
ouvert à tout vent
J’ai couché l’ombre du soir
dans un lit d’or
une ombre du soir
une ombre longue de plusieurs siècles
montée sur des semelles muettes
des syllabes aphones
une ombre étrusque statuette sans taille
ambassadrice du passé qui meurt
lorsque meurt le soleil
Je suis moi-même une ombre
fidèle au corps
cherchant le corps des choses cherchant
le roc et le sol où poser
mon évanescence
Je suis l’ombre d’un poème
plus constant plus tranché
que moi-même
L’encre dira-t-elle mieux que
ma bouche
la beauté de la petite mort
nos corps noués convulsifs
- l’au-delà déjà ?
en moi mourant superbe
tu disparais dans l’herbe violente
comme arraché du temps
nous - reposant au brasier
le feu sublime nous tient serrés
large
et le supplice
relâche sa prise l’extase
doucement s’en va
Un corps libre
parfois se fond dans un autre
frontières évanouies
(un des deux corps
- lequel ?
tend vers la disparition)
La fusion
perte
état sans conscience
extase ?
cri
étouffé
larmes perdues
sombre alchimie
mais la mémoire
veille
minérale
l’axe
vertical
oppose
la dureté
qui résiste
oppose
au
front
de
brume
le sel sec
retrouvé
sel
souviens-toi
des cristaux de
ta signature